RETOUR SUR ALICE AU PAYS DES MERVEILLES, LE CLASSIQUE DE WALT DISNEY

Sous des dehors très actuels, le spectacle Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles n’en demeure pas moins un vibrant hommage à Alice au Pays des Merveilles, le chef-d’œuvre de l’animation Disney sorti en 1951. L’occasion de revenir sur l’inspiration originale de la toute nouvelle production du Parc Walt Disney Studios.

UN PROJET DE PLUS DE 100 ANS

Le roman de Lewis Carroll Alice au Pays des Merveilles a toujours eu une place à part dans le cœur de Walt Disney. Quand il débarque à Los Angeles à l’été 1923, c’est avec l’ébauche d’un projet très spécial dans ses bagages, grâce auquel il compte bien conquérir le public américain : une relecture pour le moins originale de cette histoire, dans laquelle une véritable petite fille débarque dans un monde de dessin animé. Ce concept inédit fait mouche et séduit l’une des plus importantes productrices de l’époque, Margaret Winkler, qui avait déjà lancé la carrière de Félix le Chat. 

Le contrat qu’elle signe alors avec Walt et Roy Disney n’a rien d’anodin. Il entérine la création d’une future série à succès, les Alice Comedies, qui fera la renommée du Disney Brothers Cartoon Studio. Mais surtout, il constitue l’acte de naissance de The Walt Disney Company, le 16 octobre 1923.

Cette série iconique témoigne également de la capacité de Walt, dès ses débuts, à se saisir d’une histoire classique et à la revisiter complètement à travers l’art de l’animation. 

Il faut dire que la fantaisie et le potentiel visuel du roman original se prêtent tout particulièrement à une transposition dans le monde du dessin animé, où tout est possible. De fait, après le succès des Alice Comedies, Walt Disney ne s’arrêtera pas en si bon chemin. 

Dès 1933, il envisagera de faire d’Alice au Pays des Merveilles un long-métrage, toujours basé sur le concept d’une actrice live entrant dans un monde de toons. Pour incarner le rôle-titre, il songera un temps à la star du moment Mary Pickford puis à Ginger Rogers en 1945 ou encore à Luana Patten, la jeune actrice de Coquin de Printemps (1947). Ce n’est qu’à la fin de l’année 1947, après une longue gestation tant au niveau du scénario que du design, que Walt décidera officiellement de se lancer dans une adaptation totalement animée.

« DANS LE MONDE DE MES RÊVES »

Pour fantasque qu’il est, le monde de Lewis Carroll n’en propose pas moins un imaginaire très spécifique et il faudra plusieurs années et de nombreuses tentatives à Walt Disney et ses artistes pour trouver le juste équilibre entre la fidélité au matériel original et la liberté propre à toute création. 

Côté scénario, de nombreuses pistes seront explorées, dont certaines très éloignées du roman. Une version de 1945 développait l’idée que c’était Dinah, la chatte d’Alice, qui poursuivait en premier lieu le Lapin Blanc et qui se retrouvait transformée en Chat du Cheshire en entrant dans le Pays des Merveilles. L’auteur bien connu de science-fiction Aldous Huxley sera aussi consulté la même année et proposera une approche encore très différente, faisant de Lewis Carroll son personnage principal. 

Le scénario choisi par Walt sera finalement plus proche du roman original, en se focalisant sur les personnages et les scènes les plus iconiques de l’histoire, et en ajoutant certains éléments du second roman consacré à Alice, De l’autre côté du miroir, comme les jumeaux Tweedle Dee et Tweedle Dum ou encore le Morse et le Charpentier. 

Pour ce qui est du design, si les premières expériences des artistes Disney restent proches des illustrations originales de John Tenniel, c’est finalement l’artiste Mary Blair, qui s’était distinguée pour son travail sur Saludos Amigos (1942) et Les Trois Caballeros (1944), qui donnera son identité visuelle au film. Walt appréciait tout particulièrement son approche à la fois épurée et colorée, marquée par le style naïf, et avait insisté pour que sa marque se retrouve autant que possible dans le film. Pour autant, il n’est pas impossible que Salvador Dali, qui travailla avec Disney en 1946 sur le court-métrage Destino, ait aussi eu quelque influence sur certains éléments surréalistes du film. 

Ce jeu sur les échelles, les perspectives et les couleurs, typique du film, se retrouve tout particulièrement à Disneyland Paris dans la zone de Fantasyland inspirée d’Alice au Pays des Merveilles, avec March Hare Refreshments et Mad Hatter’s Tea Cup, qui retracent la partie de thé, Alice’s Curious Labyrinth, qui évoque le domaine de La Reine de Cœur, sans oublier La Petite Maison des Jouets, avec sa girouette folle au point de ne plus savoir plus où se trouvent les quatre points cardinaux ! 

Et c’est bien le même esprit décalé, voire carrément déjanté, que l’on retrouve dans les décors et dans les costumes du tout nouveau spectacle Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles.

MERVEILLES MUSICALES

La musique tient une place essentielle dans Alice au Pays des Merveilles. Il faut dire que, déjà, Lewis Carroll avait émaillé son roman de nombreuses comptines et autres paroles de chansons qui ont directement inspiré les auteurs et compositeurs du film. 

Pas moins de quarante titres ont été envisagés au cours du processus dont une quinzaine a été finalement retenue, ce qui en fait l’un des Classiques Disney comportant le plus de chansons. 

C’est Frank Churchill, à qui l’on doit une grande partie des musiques de Blanche-Neige et les Sept Nains ou encore Dumbo, qui posera les bases musicales du film dès 1939, et si aucune de ses propositions n’a été retenue dans la version définitive, deux de ses mélodies feront leur chemin jusqu’à Peter Pan (1953), l’une devenant « La Deuxième Petite Étoile », et l’autre le fameux thème du Crocodile. 

Finalement, tout comme pour Cendrillon, ce sont des auteurs et compositeurs de la Tin Pan Alley, célèbre vivier d’artistes de New York, qui écriront la majeure partie des chansons d’Alice au Pays des Merveilles, et tout particulièrement Sammy Fain et Bob Hilliard. Quant à Mack David, Al Hoffman et Jerry Livingston, ils furent consultés par Walt alors qu’ils travaillaient encore sur Cendrillon pour apporter leur expertise sur une scène-clef du film dont la conception posait alors des difficultés, la fameuse Partie de Thé. C’est en visionnant une première version que Mack David proposa l’idée d’un « non-anniversaire » qui donnerait sa raison d’être à ce goûter très spécial, avec cette touche d’absurde et de folie qui caractérise le Chapelier Fou. Il ne restait plus qu’à écrire la chanson, qui deviendra un titre incontournable du film.

Un univers surréaliste, des personnages loufoques, un design original et une musique inoubliable, il n’en fallait pas plus pour inspirer les créateurs du spectacle Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles dans lequel on retrouve tous ces éléments mis au goût du jour. 

De quoi attiser encore plus notre curiosité !…

Partager cet article

Facebook
Twitter
LinkedIn