LE « PETIT MONDE » DE RICHARD M. SHERMAN 

Le 25 mai dernier, Richard M. Sherman nous a quittés à l’age de 95 ans. « Supercalifragilisticexpialidocious », « Winnie L’Ourson », « La Patrouille des Éléphants », « it’s a small world », autant de titres qui font partie de notre mémoire collective et qui ont en commun leurs créateurs, les légendaires Robert et Richard Sherman. Si les deux frères étaient aussi doués pour les mots que pour les notes, Robert avait toutefois une prédilection pour les paroles et Richard pour la musique. Et c’est précisément cette musique qui résonne depuis son ouverture aux quatre coins de Disneyland Paris et participe plus que jamais à sa magie. 

« MAGIC JOURNEYS » 

Notre voyage musical en compagnie des frères Sherman commence dès Main Street, U.S.A. Entre deux titres empruntés au répertoire ragtime traditionnel, les oreilles attentives reconnaîtront « Flitterin’ » extrait de Summer Magic (1963) et « Fortuosity », chanson-phare du Plus Heureux des Millionnaires (1967), deux films en prises de vue réelles qui se déroulent précisément au début du 20e siècle, l’époque de Main Street, U.S.A. Le ton est donné, empreint d’optimisme et de fantaisie, avec une touche de nostalgie. On reconnaît également notre duo musical à l’apparente simplicité de son écriture, comme une évidence qui touche au cœur et permet dans le même temps toutes les variations. C’est le cas de la mélodie de « Winnie L’Ourson », le thème principal du court métrage Winnie L’Ourson et l’Arbre à Miel (1966), qui servira de générique à l’ensemble des films de notre « drôle de petit ourson », et qui se voit arrangée pour un orchestre de chambre du tournant-du-siècle dans la musique d’ambiance du Walt’s – an American Restaurant !  

À Adventureland, Le Livre de la Jungle a toute sa place, notamment dans la zone autour de Colonel Hathi’s Outpost Restaurant où l’on peut entendre plusieurs titres extraits de la bande originale du film, et notamment « La Patrouille des Éléphants », dont l’arrangement trompétant ne dépareille nullement aux côtés de fanfares britanniques plus classiques telle la Royal Air Force March Past et nous rappelle les origines anglo-indiennes de Rudyard Kipling, l’auteur du livre original qui a inspiré Walt.

Direction maintenant Fantasyland, avec l’incontournable « it’s a small world » et son thème iconique devenu un véritable hymne à l’amitié entre les peuples, « une prière pour la paix », comme Richard aimait à le dire. 

Du côté du Carrousel de Lancelot, on retrouve deux titres majeurs de Mary Poppins (1964), « Chem-chem Cheminée » et l’incontournable « Nourrir les petits oiseaux », en version « orgue de barbarie ». 

Dans l’attraction, Le Pays des Contes de Fées, au niveau de la scène dédiée à Merlin L’Enchanteur, premier long métrage d’animation Disney dont les frères Sherman ont écrit les chansons, on peut entendre « L’Épée dans l’Enclume », qui fait office d’introduction au film. Amateurs de pastiche, les auteurs ont donné à ce titre un air de chanson médiévale, comme un troubadour qui interpréterait une chanson de geste.  

« ARE WE DANCING ? » 

Mais la musique des frères Sherman à Disneyland Paris ne se cantonne pas aux attractions. Elle est également très présente dans les spectacles de la destination. Entre 1998 et 2010, Winnie L’Ourson et ses amis faisait la part belle aux chansons des deux magiciens de la musique. 

Mary Poppins est aussi souvent à l’honneur dans des spectacles printaniers comme Bienvenue à la Belle Saison (2015) où l’on retrouvait une grande partie des chansons du film chorégraphiées de manière inédite.  

Et quand on parle de Mary Poppins, on ne peut oublier le spectacle A Million Splashes of Colour* (2024), avec son char dédié à la musique, opportunément baptisé « Robert et Richard », à la suite duquel on peut également entendre des extraits du film dans des arrangements très actuels.  

Autre spectacle de rue mémorable, Le Rythme de la Jungle (2019) proposait cette fois une version étonnante et particulièrement envoûtante d’« Aie Confiance », l’hypnotisante chanson de Kaa, retranscrite dans le style de Bollywood et interprétée par la divine Ghôldivah.  

Quant aux parades, elles ne sont pas en reste non plus. C’est ainsi que l’on retrouvait « Supercalifragilisticexpialidocious » et « Entrons dans la Danse », extraits de Mary Poppins, dans La Parade du Monde Merveilleux Disney (1998), ou encore, sur La Parade des Rêves Disney (2007) qui avait également la particularité, pour son char des « Rêves d’amitié », de citer une chanson plus récente de la Forêt des Rêves Bleus, « C’est Tigrement Bon », composée par notre duo pour le long métrage Les Aventures de Tigrou (2000). 

Nous ne pouvions terminer notre tour d’horizon musical sans mentionner la Disney Cinema Parade (2002), créée à l’ouverture du Parc Walt Disney Studios, et sa musique très originale, à la fois magique et intime, qui correspond parfaitement à l’esprit de « Nourrir les Petits Oiseaux », que l’on pouvait entendre à cette occasion. Comme souvent chez les frères Sherman, les mots ont un double sens. S’il ne faut que deux pence pour donner à manger aux oiseaux, il suffit surtout de peu de choses, un simple geste, un regard, une attention, pour donner de l’amour.  

Walt Disney l’avait bien compris et « Feed The Birds » était sa chanson préférée. Tous les vendredis après-midi, il venait dans le bureau de Richard et lui demandait de la lui jouer. Alors son regard se tournait vers la fenêtre et il se mettait à rêver… 

*Un Million de Couleurs 

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