Création exclusive des équipes de Disneyland Paris, La Fabrique des Rêves de Disney Junior est un spectacle plein de rythme et de fantaisie auquel les effets spéciaux apportent une touche de magie unique. Charles nous en dit plus sur cette toute nouvelle production et sur son métier pas comme les autres.
Avant d’évoquer La Fabrique des Rêves de Disney Junior, peux-tu nous parler de ton parcours au sein de Disneyland Paris ?
J’ai toujours été passionné par le monde du spectacle en général et par les effets spéciaux en particulier, et c’est ce qui m’a conduit à venir travailler à Disneyland Paris il y a 19 ans, à l’ouverture du Parc Walt Disney Studios. J’ai commencé en tant que Technicien Effets Spéciaux sur le spectacle Moteurs… Action ! Stunt Show Spectacular. Progressivement, on m’a confié des tâches de plus en plus complexes et c’est ainsi que je suis devenu Régisseur Effets Spéciaux, Assistant Chargé de Projet Effets Spéciaux, et finalement Designer Effets Spéciaux en 2015. Depuis 2017, je travaille à la Direction technique Spectacle toujours en tant que Designer effets spéciaux. J’ai travaillé sur de nombreuses productions comme le spectacle du Roi Lion et les Rythmes de la Terre, Chantons la Reine des Neiges, Disney Stars on Parade, La Saison de la Force et d’autres saisons comme Noël ou Halloween.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier ?
Quand j’étais Technicien, je réalisais les projets qu’on me confiait. Maintenant, en tant que Designer, je suis passé du côté créatif. J’ai un rapport privilégié avec les productions et avec les Metteurs en Scène. Mon rôle, c’est de concrétiser la vision du Metteur en Scène afin de provoquer l’émerveillement chez nos Visiteurs. Nous sommes des révélateurs d’émotions.
Comment as-tu abordé cette nouvelle scène et ce nouveau spectacle ?
Studio D a été refait de fond en comble et utilise maintenant le dernier cri de la technologie. La salle a été conçue pour être flexible, ce qui nous autorise beaucoup de choses nouvelles. C’est un nouveau terrain de jeu passionnant pour nous.
Pour La Fabrique des Rêves de Disney Junior, j’ai longuement discuté avec Paul Chychota, le Metteur en Scène. L’idée principale était de solliciter au maximum les sens du public comme la vue et l’odorat, afin de proposer l’expérience la plus immersive possible. Par exemple, avec Paul, nous voulions que le public soit plongé dans notre univers avant même le début du spectacle. Nous avons donc cherché des solutions afin de mettre en place un parfum d’ambiance dans la salle et nous nous sommes fixés sur une odeur « barbe à papa » bien particulière. Nous en avons senti des dizaines avant de faire notre choix. Celle-ci a des tonalités de sucre et d’amande qui conviennent parfaitement à l’esprit du lieu. Dès que le public la perçoit, il entre immédiatement dans notre histoire.
On retombe tout de suite en enfance.
Exactement ! Dans la mesure où il s’agit d’un spectacle familial, nous voulions toucher les petits comme les grands, de sorte que tous, quel que soit l’âge, soient impliqués dans ce voyage au cœur de la Fabrique des Rêves.
Comment s’est passée la sélection des différents effets présents dans le spectacle ?
Nous avons beaucoup travaillé afin de trouver des effets spéciaux qui soient vraiment immersifs. Les bulles de fumées que l’on peut découvrir pendant le passage de Vampirina sont vraiment incroyables. Quand elles explosent, vous avez ces volutes magnifiques qui correspondent parfaitement à l’univers du Personnage. Les bulles vous surprendront tout au long du spectacle, vous pourrez même apercevoir la tête de Mickey éclairée à travers des bulles transparentes. C’est vraiment magique !
Chacun de ces effets a une raison d’être, directement liée à l’histoire. En tant que Designer, je travaille à partir du script et des discussions que nous avons avec Paul. Il me présente ses idées et j’essaie de leur donner forme en proposant différents effets. Lorsqu’il a fait son choix, la phase de test peut commencer.
Comment cela se passe-t-il ?
Pour les effets pyrotechniques, on utilise des logiciels afin de pré-visualiser le rendu final, mais pour les autres, rien ne vaut les tests grandeur nature. Par exemple, pour les bulles, j’ai vraiment cherché quelque chose qu’on n’a pas l’habitude de voir. C’est en effet la première fois qu’on utilise cet effet dans un théâtre à Disneyland Paris. Une fois que je l’ai trouvé, j’ai réalisé une installation pour présenter cet effet à Paul et il est resté sans voix. Le processus de recherche peut être assez long, mais avec les tests, on sait tout de suite si c’est le bon choix.
Les Personnages du spectacle ont-ils inspiré certains effets ?
Quand Paul m’a présenté le scénario du spectacle, il m’a dit que Fancy Nancy Clancy serait présente. Je trouvais cela très original car on ne la voit pas souvent dans les Parcs Disney. Il fallait donc trouver une idée pour marquer son arrivée. Il voulait un effet un peu chic, avec de la couleur, à l’image de la série. Je lui ai proposé un lâcher de confettis en forme de papillons de toutes les couleurs. Dans l’un des premiers épisodes de la série, Fancy Nancy affirme qu’elle est une spécialiste des papillons et je me suis dit qu’en venant sur scène pour chanter et danser, elle serait ravie de se retrouver au milieu de ses amis ailés.
La fumée a un rôle tout particulier dans ce spectacle.
Nous utilisons les effets de fumée de différentes manières. D’une part, en interaction avec les décors. Notre idée était de le rendre vivant, d’en faire un véritable personnage. Il se passe plein de choses autour de lui et la fumée permet en quelque sorte de l’animer, de lui donner vie.
Nous avons également beaucoup travaillé sur le marquage lumineux, la manière dont la fumée prolonge la lumière et lui donne une densité particulière. Ce fut un vrai travail d’équipe. Le Designer Lumière a travaillé avec Paul pour mettre au point l’identité lumineuse du spectacle, et la fumée d’ambiance vient mettre en valeur tous ces effets lumineux. Quand on rentre dans une usine, il y a du mouvement, de l’animation de tous les côtés. La fumée permet de rendre toutes ces choses palpables, encore plus réelles.
Comment les différentes machines sont-elles intégrées dans les décors ?
C’est tout un art ! Beaucoup d’éléments sont faits sur mesure. C’est une partie essentielle de notre travail. Une fois chaque machine choisie, je discute de la place dont je vais avoir besoin et de tous les détails pratiques avec mon collègue en charge du projet. À partir de là, nous fabriquons des structures, pour intégrer ces machines dans le décor. Cela demande une énorme expertise, des études par ordinateur, de la modélisation 3D. Je fournis les fichiers 3D de mon installation et un visuel d’intention, et à partir de là on travaille tous ensemble. Dès qu’un problème surgit, on finit toujours par trouver une solution. C’est ce travail sur mesure qui nous permet d’avoir des effets impeccables. Parce que rien n’est trop beau pour nos visiteurs.
Cela représente un magnifique travail d’équipe !
La DTS, c’est une équipe complète avec une multitude d’experts dans chaque domaine – audio, machinerie, lumière, effets spéciaux… Nous travaillons avec un directeur technique qui va superviser la totalité du projet, des structures à la décoration, ainsi qu’avec tous les techniciens qui vont mettre en place les différentes machines sur scène.
Comment tous ces effets sont-ils déclenchés ?
Tout part de la bande-son du spectacle, qui est minutée sous la forme d’un « time code », et chaque lancement d’effet a été minutieusement programmé dans une console à partir de ce code. Sur scène, nous avons également deux techniciens qui travaillent toute la journée à partir d’une feuille de route pour préparer les effets de chaque représentation. L’opérateur n’a plus qu’à lancer le spectacle et à veiller à ce que tout se passe au mieux.
Comment parviens-tu à être toujours à la pointe, à apporter sans cesse des nouveautés aux spectacles de Disneyland Paris ?
Déjà, c’est beaucoup de recherche. Je regarde beaucoup de spectacles. Je suis également de près l’actualité des nouvelles technologies en allant dans des salons et en échangeant avec des entreprises extérieures spécialisées. C’est un microcosme ; tout le monde se connaît. Mais un bon technicien effets spéciaux, c’est avant tout un bon bricoleur, et il n’est pas rare de prendre une machine existante et de la détourner totalement de son utilisation première pour créer un effet original, comme un ventilateur que l’on pourrait utiliser non pas pour faire du vent, mais pour aspirer de l’air.
Que représente La Fabrique des Rêves de Disney Junior dans ta carrière ?
Pour moi, cette salle et ce spectacle représentent un véritable renouveau. C’est l’une des premières étapes de l’expansion à venir du Parc Walt Disney Studios. Je ressens donc une énorme fierté d’en faire partie. C’est un privilège de pouvoir faire le métier que je fais à Disneyland Paris et tout particulièrement dans ce genre de salle. C’est un métier de rêve, dans un environnement absolument fabuleux, avec des gens exceptionnels. Disneyland Paris, c’est ma Fabrique des Rêves à moi !