La Fabrique des Rêves de Disney Junior : rencontre avec Yaron Spiwak, Senior Music Producer and Creative Director

La musique est au cœur de la toute nouvelle production scénique de Disneyland Paris. Yaron nous en révèle tous les secrets de fabrication.

Yaron, peux-tu nous présenter le concept musical de La Fabrique des Rêves de Disney Junior ?

Notre spectacle se situe dans la grande tradition du théâtre musical. Certains de nos Personnages, comme Fancy Nancy Clancy, sont relativement nouveaux pour le public européen. Il fallait donc faire appel à un style musical qui parle au plus grand nombre, sans avoir nécessairement besoin de connaître les séries Disney Junior à l’avance. La musique a donc un rôle essentiel. Elle permet d’accompagner l’histoire et de toucher directement le cœur des gens.

Quel fut ton rôle sur cette production ?

J’ai été le co-producteur et directeur créatif sur ce spectacle. En tant que Senior Music Creative Director de Walt Disney Imagineering, l’une de mes responsabilités est de collaborer avec les producteurs musicaux des différents Parcs Disney à travers le monde, ce qui me permet d’apporter un regard particulier, plus global, sur les différents spectacles, et de faire venir de nouveaux artistes passionnants afin de répondre aux besoins spécifiques d’une production.

C’est donc un métier très collaboratif. Peux-tu nous en dire plus sur cet aspect de ton travail pour La Fabrique des Rêves de Disney Junior ?

J’ai travaillé en particulier avec Jonathan Barr, qui travaille en tant que producteur musical pour Disneyland Paris. Nous avons collaboré sur de très nombreux spectacles pour les Parcs Disney et notamment Disneyland Paris. Nous avons produit ensemble les musiques de La Reine des Neiges 2 : Un Voyage Enchanteur et sur La Reine des Neiges : Une Invitation Musicale. C’est un partenaire fantastique, doublé d’un grand musicien.

Quand je produis la musique des spectacles de Disneyland Paris comme Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre ou encore Marvel : L’Alliance des Super-Héros, je collabore aussi régulièrement avec l’équipe du département Musique de Disneyland Paris, notamment Estelle Champeau et Guillaume Coignard. C’est toujours un grand plaisir de collaborer avec eux. Chaque projet est différent, et l’équipe réussit toujours à rendre ces expériences aussi passionnantes qu’amusantes. Cette entente entre Walt Disney Imagineering et Disneyland Paris est l’une des clefs du succès de nos spectacles.

Comment as-tu approché les chansons du spectacle ?

Quand vous lancez un nouveau spectacle, la plupart des chansons doivent être réarrangées afin qu’elles s’intègrent parfaitement dans cette nouvelle production, tant du point de vue de son ambiance que de sa mise en scène. Par exemple, Vampirina joue un solo de guitare qui n’existe pas dans la série. Nous nous sommes donc posés un certain nombre de questions : quel sera le son de sa guitare ? Quelles parties de la chanson va-t-elle chanter ? Nous avons également dû imaginer un arrangement spécial pour un moment dansé par Fancy Nancy Clancy. Au départ, nous avions même envisagé de créer une chanson originale mais nous nous sommes vite rendu compte que les chansons des différentes séries de Disney Junior étaient formidables et correspondaient exactement au message de notre spectacle. Il suffisait donc simplement de les adapter et pour cela, nous nous sommes tournés vers Tim Heintz, qui a signé les arrangements du spectacle Le Rythme de la Jungle. Il avait auparavant arrangé les chansons de Disney Junior Dance Party! pour le Parc Disney’s Hollywood Studios de Floride et son travail avait été très apprécié par les gens de Disney Junior, ce qui fait que nous nous sommes naturellement tournés vers lui une nouvelle fois.

Ensemble, comment êtes-vous parvenus à donner ce style « théâtre musical » aux chansons de Disney Junior ?

Pour ce spectacle, nous avons déconstruit les arrangements originaux et en avons créé d’autres dans l’esprit du théâtre musical. Je dirai que ces nouveaux arrangements sont un peu plus accessibles. Ils ont été envisagés de manière à ce que l’ensemble du public puisse se sentir impliqué émotionnellement. Ce fut vraiment un travail sur mesure pour notre spectacle. Rien à voir avec un concert.  Chaque chanson participe à l’histoire et prend sens à l’intérieur de l’ensemble de notre spectacle.

À ce titre, les arrangements de Tim Heintz sont très variés, à l’image des univers des différents Personnages.

Nos chansons font en effet appel à des styles très différents. Pour Vampirina, c’est le rock, pour Timon, la musique afro-caribéenne, et pour Fancy Nancy Clancy, la musique classique, avec une touche française, que l’on reconnaît notamment à travers l’utilisation de l’accordéon.  Pour certains enfants, c’est la première fois qu’ils sont exposés à un spectacle musical, et c’est très important de leur offrir une ouverture sur cette diversité. C’est dans ce cadre que nous avons eu l’idée d’intégrer la musique d’Offenbach dans le numéro de Fancy Nancy Clancy. Cette touche européenne fait vraiment partie de l’identité musicale de Disneyland Paris. C’est à la fois une marque de respect pour nos visiteurs et une manière de nous connecter avec eux.  C’est un aspect auquel nous tenons beaucoup, quels que soient les chansons, les compositeurs ou les arrangeurs. 

Outre les chansons, il y a aussi une musique instrumentale très présente et très créative.

Il s’agit d’un mélange très original de musique arrangée par Tim Heintz et d’effets sonores imaginés par notre sound designer Dan Scott. La Fabrique des Rêves est une personnalité à elle toute seule et ce qui est formidable dans notre spectacle, c’est que la musique et les effets sonores se fondent l’un dans l’autre. Notre ambition était que les sons de la machine se fondent tout naturellement dans la musique comme s’ils étaient eux-mêmes de la musique. Parfois ils amplifient ce qui est dans la partition et d’autres fois c’est le contraire. Cette collaboration entre musique et effets sonores est vraiment originale, et je suis vraiment ravi du résultat !

Quel est l’apport de ces effets sonores ?

Nous voulions qu’ils apportent un sens du mystère. Quand vous entrez dans la Fabrique des Rêves,  vous n’en connaissez pas grand-chose, et nous voulions que les effets sonores soient particulièrement évocateurs. Certains sont amusants, d’autres plus sérieux, plus inquiétants. Nous avons fait beaucoup d’essais avant d’aboutir à ce résultat. Puis nous avons également confié ces effets à Michael Obst, qui est ingénieur du son à Disneyland Paris, et qui a fait un gros travail pour les mettre en scène à l’intérieur de la Fabrique, et faire en sorte qu’ils vous entourent littéralement.

Ils s’intègrent aussi parfaitement dans l’esthétique des décors.

Exactement. Parfois le style Steampunk peut paraître un peu froid et c’est pourquoi nous avons voulu lui apporter un peu plus de chaleur via les effets sonores, notamment les plus amusants. C’est un peu comme le chapeau dans Mickey et le Magicien : nous avons voulu faire en sorte que les objets de cette Fabrique prennent vie comme par magie.

Comment se sont passés les enregistrements ?

Ce fut une expérience assez spéciale dans la mesure où les sessions ont eu lieu la première semaine de mars 2020 à Los Angeles, juste avant le confinement. Nous venions chaque jour au studio sans savoir si nous pourrions nous voir le lendemain. Dans ce contexte très particulier, la musique nous a permis de nous évader. Nous nous sommes concentrés sur le moment présent, ce qui est aussi le message du spectacle, et sur le plaisir de faire ce que nous aimons par-dessus tout, la musique. Lors de ces enregistrements, nous nous sommes attachés à reconstituer le son d’un orchestre de théâtre musical, avec une touche cinématographique. Pour plusieurs chansons, nous avons invité des instruments particuliers : l’accordéon pour Fancy Nancy Clancy, la guitare distorsion pour Vampirina et le marimba pour Timon et La Garde du Roi Lion.

L’enregistrement s’est fait sur plusieurs sessions, notamment pour des raisons sanitaires, car nous ne pouvions pas avoir tous les instrumentistes réunis en même temps dans la même salle. Nous avons donc constitué des petits groupes d’instruments, parfois seulement des solistes, que nous avons captés séparément avant de reconstituer le tout. Quant aux parties vocales enregistrées, elles ont été captées en partie aux États-Unis, et en partie en France, dans la mesure où certaines sont en français.

Il se dégage vraiment quelque chose de magique de cette musique.

Au départ, une partition, ce ne sont que des notes sur une page. Et puis les musiciens arrivent et leur donnent vie. Lors des enregistrements, les notes ont littéralement jailli des pages et cela se ressent. C’est cette passion et cet engagement qui ont rendu ce spectacle magique !

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